Dieudonné M’bala M’bala : provocateur, libre, lucide et peintre
“Best Of” : 40 ans d’humour, 40 ans de tempêtes
Interdit de spectacle en France et en Belgique, Dieudonné M’bala M’bala continue de défier les interdits.
Ses représentations sont souvent annulées sous la pression de groupes militants ou à la suite de décisions préfectorales.
Sous bracelet électronique pour encore deux ans, il se déplace néanmoins dès qu’il le peut, tentant de se produire dans différentes villes françaises et belges.
Malgré les obstacles, il reste créatif, disponible et lucide.
Lors de notre rencontre, il m’a accordé une interview sans filtre, entre rire et réflexion, pour donner des nouvelles de sa carrière artistique et partager sa vision du monde.
On y découvre un artiste toujours passionné, curieux, et désireux de transmettre à la nouvelle génération.
Durant l’interview, je lui ai glissé :
« Vous avez encore un peu de temps devant vous pour produire un spectacle plus international, qui mettrait en scène les grandes problématiques géopolitiques actuelles. »
Il a souri, avec ce regard mi-ironique, mi-philosophe.
Et l’entretien a commencé.
KD : Bonjour Dieudonné, merci d’avoir accepté cet entretien exclusif. Vous étiez hier sur scène avec votre nouveau spectacle Best Of, qui retrace vos plus grands sketchs et moments de scène.
Un retour sur trente ans de carrière en solo, et quarante ans de scène si l’on compte les dix premières années avec Élie Semoun.
Mais avant même votre arrivée à Bruxelles, le spectacle de Valenciennes a été annulé, sous la pression de certains groupes proches du CRIF. On a l’impression que, malgré les années, le harcèlement continue.
D : Oui, c’est devenu presque une tradition. (sourire)
« La liberté coûte cher, et je pense qu’un comédien doit être libre.
Il n’y a pas d’humoriste d’État, ça n’existe pas.
Même le bouffon de la cour du roi doit déranger le roi, sinon ce n’est pas drôle. »
En France, il suffit que mon nom apparaisse pour que certains groupes s’agitent, même quand le spectacle est parfaitement légal.
Ce sont les mêmes réseaux depuis vingt ans : associations, lobbyistes, journalistes.
Mais à chaque fois, le public est là. Et c’est ça, la plus belle réponse.
Je ne me plains pas : ça prouve que je dérange encore, que je suis vivant, que mon rire n’a pas été acheté.
Et finalement, ce Best Of est une célébration de tout ça : quarante ans de résistance, d’humour et de liberté.
(Propos recueillis par Kadir Duran – Bruxelles Korner)